L’Italie face à la crise du CoVid-19

L’Italie a été le premier pays occidental touché par le coronavirus.  Une pandémie qui s’est transformée en véritable tsunami pour notre société et notre économie. 

Nous avons aussi été les premiers à décider du confinement total du pays. Quelque chose que nous croyions impensable.  

Aujourd’hui, alors que l’Italie est fermée depuis près de deux mois, la crainte de la crise économique succède à la peur du virus et ses symptômes apparaissent parmi les italiens : personnes fragiles en détresse croissante, souffrance des familles, diminution des revenus, impatience mêlée d’inquiétude à l’annonce de la poursuite des nombreuses mesures prises par le gouvernement pour restreindre les interactions sociales.

Celui-ci a presque immédiatement adopté des mesures urgentes pour garantir un revenu à ceux qui ont soudainement perdu leur emploi, en « finançant » les licenciements des travailleurs les plus précaires et en accordant des prêts aux petites entreprises.  

Les besoins restent immenses : en Italie, plus que chez nos voisins, il est essentiel de fournir immédiatement des liquidités aux petites et moyennes entreprises qui constituent le tissu industriel du pays. Sans action immédiate, nombre d’entre elles risquent de disparaître. La capacité de consommation des familles doit également être assurée car beaucoup, sans revenus, sont menacées par la pauvreté. Enfin, priorité doit être donnée à la réintégration des enfants dans le système éducatif.

Le facteur temps est déterminant. Le risque que les décisions importantes prises par la voie législative arrivent trop tard, en raison de la lenteur de la bureaucratie et de la résistance des banques, est réel. Il faut désormais intervenir dans l’économie, non plus par des prêts, mais par des subventions. La même problématique se pose à la Commission Européenne.

Il semble que les pays européens aient pris la mesure du danger, la coopération de la France, de l’Espagne, du Portugal et de l’Italie en témoigne. Le défi de ces pays et de ceux qui ont suivi le même chemin, de l’Europe occidentale à l’Amérique du Nord, apparaît aujourd’hui clairement : relancer la vie sociale sans relancer l’épidémie, sauver le système de production et la santé des citoyens. Ce défi est commun, le succès comme l’échec seront partagés.

Face aux conséquences difficilement imaginables pour la stabilité de l’Europe de l’écroulement de notre système de production, ceux qui exercent des fonctions de direction dans les entreprises ont une responsabilité propre : réinventer leur production de biens et services, imaginer de nouveaux modes de transport, repenser les relations interpersonnelles de leurs employés, avec leurs capacités d’innovation. La France et l’Italie ont de telles capacités, il faut continuer de les partager pour résoudre ces problèmes qui, au moins un temps, changent nos modes de vie. 

Alors qu’elle traverse la période la plus difficile depuis la Seconde Guerre Mondiale, l’Italie a besoin de cohésion et de stabilité. Le gouvernement, qui a bénéficié jusqu’à maintenant du soutien de tous les partis de la majorité, doit espérer que ce sens des responsabilités prévale dans les prochains mois. Il sera temps de tirer les conséquences politiques de son action une fois le virus vaincu. Du côté des citoyens, il est plus que jamais nécessaire de s’abriter au couvert de nos institutions, alors même que le consensus national autour de leur action semble se lézarder.

Et comme on dit en Italie, « Ensemble, nous y arriverons ».